L’idée du parfait ambassadeur

« Un diplomate, profitant des loisirs que lui laissait l’interruption de ses services, a composé le petit traité que je crois intéressant de publier aujourd’hui : après plus de deux siècles écoulés, il ne me parait pas suranné ; il ne montre pas seulement l’idée du parfait ambassadeur, tel que se le figuraient les hommes de la carrière au xviie siècle ; celui qui l’a écrit a formulé des leçons et des conseils qui peuvent être utiles aux diplomates de tous les temps. »
« À vrai dire, un diplomate ne peut apprendre son métier dans un manuel comme un candidat au baccalauréat ; mais le manuel prépare ceux qui aspirent au métier à recevoir les leçons de l’expérience s’ils sont en état de les comprendre, et aide ceux qui ont déjà de l’expérience à réfléchir sur les principes et les règles nécessaires. Tel était et tel reste l’intérêt de l’opuscule qui, en révélant l’idéal rêvé par les diplomates du xviie siècle, nous éclaire sur les usages et les pratiques diplomatique de l’époque. »
Louis Rousseau était né vers 1645. Il descendait d’une famille noble du Blésois, qui prétendait se rattacher à une maison d’antique chevalerie, jadis illustre dans le comté de Tonnerre. Simon Arnauld de Pomponne, lorsqu’il fut nommé ambassadeur en Suède à la fin de l’année 1665, emmena avec lui comme secrétaire Louis Rousseau, à peine âgé de 20 ans. En quittant Stockholm, le 4 août 1668, il le laissa comme chargé d’affaires. Le roi accorda à Rousseau le titre de résident ; il était encore en cette qualité à la cour de Suède en avril 1672, qu’il quitta en février 1673. Il fut chargé de missions auprès de l’évêque de Münster, puis du duc de Hanovre, de l’évêque d’Osnabruck, etc. Il s’était acquis, durant ces quinze années de services comme secrétaire, résident et envoyé, une réputation flatteuse. Il passait pour connaître à fond les affaires du Nord et celles d’Allemagne, si compliquées, et pour s’être toujours montré consciencieux, judicieux et prudent.
En mars 1698, Rousseau fut appelé de nouveau à l’honneur de représenter le roi à l’étranger. Il était nommé plénipotentiaire à la Diète de l’Empire, à Ratisbonne. Il y demeura plus de quatre ans. Ce fut là sa dernière mission. Il mourut le 2 décembre 1711.
Louis Charles Marie Delavaud est né le 23 décembre 1860 à Rochefort en Charente-Maritime. Docteur en droit, licencié en lettres et diplômé de l’école des sciences politiques, il gravit les échelons de la carrière diplomatique et devient envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Christiana de 1905 à 1910. Pendant la Première Guerre Mondiale, il est successivement délégué du Ministère des Affaires étrangères au comité supérieur de lecture et de contrôle des communications postales et télégraphiques, chargé de mission commerciale en Amérique du Sud et chargé d’une mission d’inspection des postes consulaires. Puis, le 23 juin 1917, il est chargé de la direction des services du blocus au sous-secrétariat d’État des affaires étrangères et devient membre du comité de restriction des approvisionnements de l’ennemi. Enfin, après la guerre, il s’établit en Suède où il est envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire à Stockholm. Il meurt en février 1924, laissant derrière lui de nombreux écrits et travaux historiques.