Les filles d'ici

Sur la couverture du livre, c'est écrit "elles sont nées dans la même ville. L'une est restée, l'autre est partie. C'est l'histoire de deux destins".

La ville, c'est Romorantin, en Sologne, finalement pas très loin d'ici sauf que la Sologne est peut-être un brin plus chic. Enfin ça dépend où l'on vit. Où l'on travaille.

La Sologne, c'est le pays de la forêt, du brame du cerf et des cottages de Center Parcs où les filles de Romo, quand elles n'ont plus d'autre choix, vont faire le ménage.

Les deux destins sont ceux de Nassira et de Caroline. L'une née d'un père marocain qui travaillait chez Matra, l'autre d'un père commerçant. Ici leurs pères auraient bossé chez 3M, Brossard, à la sucrerie ou alors chez Maury.

C'est l'histoire de leur vie, petite, dans une ville, petite. Romorantin c'est loin de tout. Pas de train comme ici. Un cinéma, petit, comme ici aussi. Un centre-ville qui paraît tout triste à force de se vider, pareil qu'ici. Et deux zones commerciales où l'on s'ennuie le samedi, pendant les vacances aussi.

C'est l'histoire des usines qui ferment, des fins de mois dans le rouge, des crédits qui s'empilent et des formations à deux balles. Et des gens qui vivent, survivent aussi, comme ici.

Ce sont les petites histoires des quartiers, les bonheurs, les espoirs qu'on partage, les combats et les colères aussi.

C'est l'histoire de la France avec son lot de contradictions, de ruptures, de fractures. Son lot d'emmerdes. Son lot de vies bringuebalantes et de destins qui se font et se défont en fonction de là où on grandit.

Nassira El Moaddem écrit sans misérabilisme ni manichéisme. Elle fait oeuvre de justice en offrant sa voix à ces filles de Romorantin qui pourraient être de partout, d'ailleurs et d'ici.

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