Michel Ragon, singulier et pluriel

« Mais c’est un gamin !... On n’écrit pas un essai sur un sujet aussi grave à
vingt ans. Vous auriez dû vous en tenir à la poésie... Ragon, c’est votre nom
ou un pseudonyme ? Vous devriez changer de nom, sinon il vous manquera
toujours un A. »

La vingtaine à peine, n’en déplaise à Aragon qui le rabroue ainsi avec
suffisance, Michel Ragon entend bien se faire un nom dans le monde des
lettres. Cet habitué des milieux artistiques, auprès desquels il aiguise sa
plume et son esprit critique, comptera bientôt, parmi ses confrères et amis,
des poètes et des historiens, mais aussi des peintres, architectes,
sculpteurs, écrivains de renom, tels que Blaise Cendrars, Robert Sabatier, Le
Corbusier, Soulages, Appel, Atlan, et bien d’autres.

Autodidacte issu d’un milieu rural et modeste, attaché à ses racines
vendéennes, mais aussi grand voyageur, Michel Ragon sera tour à tour
romancier, critique d’art, historien de l’architecture moderne, poète, ou
encore bouquiniste, chroniqueur de revues, pigiste à la radio et professeur à
l’École nationale des arts décoratifs. Il laisse une œuvre à l’image de sa
vie, foisonnante, plurielle et engagée.

André Derval nous entraîne sur les pas de cet artiste complet et avant-
gardiste, éclaireur de l’art abstrait, véritable fer de lance de la
littérature prolétarienne et libertaire, et ardent défenseur d’un urbanisme
respectueux de l’écologie et du monde paysan.