La Poule Borgne

L’homme est jeune et partage sa vie entre son boulot de manœuvre et des
visites coquines à l’accorte et peu farouche Geneviève. Cette très, très jeune
fille distrait les consommateurs du bistrot de ses parents adoptifs en les
laissant se glisser sous le comptoir pour se rincer l’œil et plus si
affinités... Tout irait donc pour le mieux dans le plus glauque des mondes si
l’homme – précision indispensable – borgne ne tombait amoureux de l’apprentie
péripatéticienne ; si son œil crevé ne le tourmentait plus que de raison ; si
deux souteneurs venus de la capitale n’espéraient enrôler Geneviève à son
corps plus ou moins défendant ; si une infirmière plus portée sur les câlins
que sur les pansements n’entrait dans la danse ; si sa sœur... Bref, dans la
drôle de tête de l’homme, tout s’embrouille, tout s’enchevêtre. Et c’est sous
l’œil unique, eh oui ! de sa poule de compagnie, qu’il se laisse emporter par
ses démons. Un curieux enquêteur s’ingénie à démêler les nœuds de ce maelström
de sang, de fureur, de sexe et de désespoir...

Claude Soloy nous offre ici un roman âpre, le ton y est souvent cru, parfois
désespéré. Les personnages de cette tragique, et parfois mortelle, comédie
humaine séduisent, amusent, choquent. Leur humanité, en revanche, émeut et
convainc.